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Édito#34

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TROIS NOUVEAUTÉS

Éloi Valat : après la Commune, les Camisards
« Splendide, très fort, violent au meilleur sens du terme » sont les qualificatifs venus sous la plume de l’historien phare des protestantismes, Patrick Cabanel, face aux dessins d’Éloi Valat dans cet album qui vient d’arriver en librairie : Camisards. 1702. La mort de l’abbé du Chaila.
Les lecteurs des ouvrages d’Éloi Valat sur la Commune de Paris le retrouveront tel qu’en lui-même : explorateur incandescent de l’irruption de la violence face à l’inacceptable, non plus sur le pavé parisien après la défaite de Sedan, mais dans les Cévennes après la révocation de l’édit de Nantes. Un explorateur par le dessin et, ici, par les mots, lyriques, auxquels se joignent ceux de l’universitaire Chrystel Bernat dont paraît simultanément une somme chez Honoré Champion : Une guerre sans épithète : les Troubles des Sevenes. 
Camisards est un album « d’une modernité époustouflante » pour reprendre les termes employés par Jean-Marie Borzeix dans sa préface au Journal de la Commune, premier opus d’Éloi Valat qui a ensuite publié L’enterrement de Jules VallèsLa Semaine sanglante et Louises, les femmes de la Commune. Lire aussi son édition illustrée de Sébastien Roch, roman d’une troublante actualité du grand Octave Mirbeau.
 
Patrick Minder : une enquête historique aux allures de polar
« Les historiens qui se mettent en scène, parfois c’est raté, parfois cela fonctionne à merveille comme dans ce récit à la Borges où l’on traverse des pays, des bibliothèques et des librairies » (Laurent Lemire (Livres Hebdo, octobre 2025).
Ce récit ?À la recherche de Ziya Beyde l’historien suisse Patrick Minder qui, intrigué par une épitaphe sur une tombe de sa ville de Fribourg, se lance à moto jusqu’à Istanbul sur les traces d’un fonctionnaire ottoman à l’époque de la Grande Guerre. Sa filature au long cours tiendrait du roman policier si elle ne procédait pas de la méthode historique. Elle le mène de Constantinople à ce nid d’espion qu’est la Suisse, via la Grande-Bretagne, la France et Berlin dont les archives livrent la clé de cet obscur personnage. 
Un récit haletant sur fond d’exacerbation des nationalismes, de génocide arménien et de mainmise néocoloniale des puissances européennes sur les finances ottomanes. « Une recherche historique en action, sans ego, très agréable à lire » (La Montagne, Centre-France). « Un livre captivant s’adressant tant aux passionnés d’histoire qu’aux amateurs de frissons policiers » (Le Matin DimancheLa Tribune de Genève). 

Alain Ferry : un opus magnum d’exception
« Un livre d’exception », dit Jean Lebrun de 26, rue Desaix, rhapsodie baroque de près de 800 pages qu’il a présentée en avant-première aux récents Rendez-vous de l’histoire de Blois. Le livre autobiographique d’un fou de littérature, de Fellini et du Littré, tout de digressions, de citations et de courbes, forcément féminines : Alain Ferry qui en publie peu mais toujours de profus, tels Mémoire d’un fou d’Emma (Prix Médicis essai, Seuil, 2009) ou La Mer des mamelles, roman d’amour ès lettres avec des post-scriptum (Seuil, 1995).
« La mort, écrit-il, a trop sale gueule. Donc, s’en détourner. Et entrer dans la danse des mots qui, Jabès l’a dit, sont de la mort sans en avoir l’R. » Tout part de la rue Desaix (prononcer « de Sexe ») à Bône, en Algérie, où ce fils d’ouvrier agricole s’est épris du français. Dans cette langue « amie du grave, de l’hilare et même des perles qui affriandent les cochons », il dit mille et une choses de la vie, et c’est un plaisir sans fin. 
26, rue Desaix a été salué et soutenu par le Centre national du livre pour son ambition. L’éditer a été un enchantement. Le lire vous le sera aussi. Sinon, vous êtes un pisse-froid, et, promis, je rembourse !

Pour Bleu autour, Patrice Rötig

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