Alice Cherki, psychiatre, psychanalyste, essayiste est née en 1936 à Alger, où elle a fait ses études de médecine et a participé à la guerre d’indépendance de l’Algérie. Elle vit à Paris depuis 1965, tout en restant en lien étroit avec l’Algérie indépendante. Elle est l’auteure, entre autres, de Frantz Fanon, portrait (Seuil, 2000; Points Seuil, 2016); La Frontière invisible, violences de l’immigration (Éditions des Crépuscules, 2007) ; Mémoire anachronique, lettre à moi-même et à quelques autres (Éditions Barzakh et Éditions de l’Aube, 2015). Elle écrit dans de nombreuses revues sur les thèmes de l’exil, des frontières, des questions identitaires, des silences de l’histoire et des traumatismes enfouis.
L’autre trace, moins anecdotique, est cette entente singulière, cette empathie immédiate avec les jeunes femmes nées musulmanes en Algérie ou en France bien des années après moi. J’anticipe leurs mots qui essaient de dire leur enfance, la tendre rigueur du père, la sévérité de la mère qui s’interdit d’être complice et qui parfois, parfois seulement, veut obliger sa fille au même destin qu’elle, et les frères – oui les frères ! – qui s’érigent en gardiens de la vertu.
_Une enfance juive