Jacques Fusina est né en 1940. Professeur émérite des Universités à l’Université de Corse (langue et littérature, sciences de l’éducation), il a mis en place l’enseignement du corse (1982-1987) et a été président du Conseil de la culture de la Corse (1989-1991). Il a notamment publié, tant en français qu’en corse, des poèmes (Soleils revus, PJ. Oswald, 1969 ; E sette Chjappelle, Albiana, 1986, Prix du livre corse 1987 ; Contrapuntu, La Marge, 1989), des essais (L’enseignement du corse, Université de Corse, 1994 ; Tous les matins de Corse, Autres Temps, 1998 ; Parlons corse, L’Harmattan, 1999 ; Histoire de l’École en Corse, direction, Albiana, 2003), un livret d’opéra (Sampiero Corso, adaptation de l’œuvre de Henri Tomasi, Opéra de Marseille, 2005) et de nombreuses paroles de chansons pour les groupes polyphoniques corses.
Notre école était installée dans une salle de la maison communale et m’apparaît, malgré l’exiguïté des lieux, leur vétusté, leur archaïsme, pareille à toutes ces salles de classe qu’ont popularisées livres et films et qui conservent à nos mémoires ce parfum studieux de découverte, de camaraderie, de joies collectives et de chagrins sincères. Ces bancs de bois à l’ancienne, percés d’encriers débordants d’encre violette, ces porte-plumes effilés taillés pour recevoir les fameuses Sergent-Major, seules aptes à dessiner de réglementaires pleins et déliés, ces ardoises où crépitait en rythme l’écriture à la craie, ce tableau noir poudreux de nos angoisses, cette cheminée que nous alimentions de notre bûche quotidienne en hiver, ce placard aux trésors où le maître cachait en un savant mélange globes terrestres et maquettes, livres et images d’histoire, coquillages et bons points, crayons de couleur et pâte à modeler. Plus loin, les grandes cartes murales rouges et vertes que nous contemplions admirativement et dont nous arrivions même à retenir par cœur les noms étranges cent fois répétés.
_Une enfance corse