Le monde des enfants, avec ses règles, ses codes, ses mots, existait, c’était une découverte belle et profonde. Tout commençait par les prénoms. Alors que je venais d’une ville, une grande ville où je n’existais que par mon nom de famille, ici j’apprenais mon vrai nom, u me nomu, Olivier. Tous nous avions un nom, tous nous nous appelions par notre nomu, notre prénom. Il existait d’ailleurs une hiérarchie secrète entre les porteurs de prénom et ceux qui, pour des raisons mystérieuses, avaient droit à un diminutif mais n’en étaient pas moins les plus nombreux. Au milieu des Dédé, Jojo, Nono, Toni, apparaissaient ainsi fortuitement les Charles, Dominique, Félix et Olivier, il s’agissait là de moi, grâce à mon statut d’urbain j’échappais aux Olive et autres Marius dont les Lyonnais aimaient à m’affubler. _Une enfance corse