L’exil a une résonance effrayante. Une sensation ambivalente de répulsion et d’amour qui rendait vaine toute tentative de l’exprimer clairement. Corte me décevait par sa taille mesurée et m’inspirait – elle m’inspire toujours – par ce que pouvaient cacher les massifs schisteux qui obstruaient la vue. La Restonica et le Tavignanu m’avaient ébloui, leur prononciation renvoyait à des traits lumineux, au soleil d’été. Quel artiste a peint Corte, quel écrivain lui a offert sa plume pour l’inscrire dans la postérité, quel Nietzsche voudrait aujourd’hui s’y installer pour y laisser s’épanouir une pensée ? La ville ne s’est jamais conformée à mes caprices, purement égoïstes, elle s’est toujours détournée des possibles métamorphoses que j’aurais voulu, présomptueusement, lui faire connaître. _Une enfance corse