Ayfer Tunç, née à Adapazarı en 1964, a commencé à intervenir dans des revues littéraires et culturelles lorsqu’elle effectuait ses études de sciences politiques à l’Université d’Istanbul. Romancière, nouvelliste et essayiste, lauréate en 1989 du Prix Yunus Nadi de la nouvelle et en 2003 du Prix Balkanika, elle a publié de nombreux ouvrages, dont certains ont traduits dans des langues étrangères, notamment en français (Nuit de l’absinthe, Galaad, 2013). Elle est aussi l’auteure de scénarios, en particulier d’une série télévisée dont le titre, Nuage dans le ciel, reprend celui d’un recueil de nouvelles (Havada Bulut, 1951) de Sait Faik Abasıyanık et qui évoque la vie et l’œuvre de ce grand auteur singulier.
Au milieu de cette place sans nom, il y a un majestueux mûrier noir. Heureusement qu’il y est. Avec son large tronc et ses feuilles foisonnantes, il cache l’insoutenable laideur des deux maisons neuves qui doivent leur érection au bas prix du sable et du ciment et sont un déni de tout l’acquis architectural et esthétique d’un passé remontant aux Bithyniens. La troisième maison, construite dans les années cinquante, n’est pas non plus un modèle du genre, mais elle ne déshonore pas ses bâtisseurs avec ses lignes sobres, ses fenêtres aux proportions harmonieuses et sa belle porte à deux battants.
En plus, elle s’est sortie sans la moindre fissure du tremblement de terre de 1967.
_Une enfance turque