Louis Martinez est né à Oran le 16 février 1933 d’un père issu d’une famille noble espagnole appauvrie de la région d’Alicante et d’une mère de vieille souche oranaise (son grand-père, originaire d’Albi, était arrivé à Oran en 1840). Ses parents, qui dirigeaient à Oran l’International Hôtel, partirent mi-juillet 1962 pour Paris, via Port-Vendres. Louis Martinez était alors déjà familier de Paris pour y avoir suivi ses études supérieures après avoir obtenu son baccalauréat au lycée Lamoricière à Oran : au terme de deux années préparatoires au lycée Louis-le-Grand, il avait été admis à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et, après un long séjour à Moscou comme boursier, avait été reçu à l’agrégation de russe en 1957. Puis, le service militaire effectué, il se voua à l’enseignement, peu de temps dans un lycée, plus de trente ans à l’université d’Aix. Parallèlement, il a traduit de nombreux auteurs russes : Pouchkine, Mandelstam, Pasternak, Soljenitsyne… Il est aussi l’auteur de publications en français et en russe, ainsi que de romans, dont La Dernière marche et L’Intempérie (Fayard, 2004, 2006).
On entendait encore le carillon des sabots de chevaux, plus rarement des glissades de pneus, brèves et collantes comme les baisers de madame Farraché, une dame de l’Intérieur, très grande, gaie, très fardée, qui m’appelait « fils » comme beaucoup de gens de l’Intérieur venus pour affaires à Oran. Unique enfant, j’étais cajolé par tout le personnel, des laveuses espagnoles aux veilleurs de nuit, Bachir, puis Chérif.
_L’enfance des Français d’Algérie avant 1962