Alberto Manguel, citoyen canadien d’origine argentine est né à Buenos Aires en 1948. Il passe sa petite enfance à Tel-Aviv, où il est élevé dans les langues anglaises et allemandes, et ce n’est qu’en 1955, de retour dans son pays natal, qu’il ajoute l’espagnol à son bagage linguistique. À la fin de son adolescence, il rencontre Jorge Luis Borges qui est alors frappé de cécité et auquel il fait la lecture. Adulte, il vit tour à tour dans différents pays européens et à Tahiti, avant de se fixer en France, dans un petit village de la Vienne. Collaborateur de différentes maisons d’édition, critique littéraire et traducteur, il est l’auteur d’essais et de romans traduits de l’anglais aux éditions Leméac (Montréal) et Actes Sud, dont Une histoire de la lecture et Dictionnaire des lieux imaginaires (1998), Dans la forêt du miroir (2000), Chez Borges (2003), Journal d’un lecteur (2004) et La Bibliothèque, la nuit (2006).
Le Doppelgänger existe parce qu’il est impossible mais il arrive aussi parfois, cependant, que nous rencontrions au cours de notre vie des gens et des choses dont nous pensions que les traits n’appartenaient qu’à nous ; c’est-à-dire des gens et des choses qui peuvent ne pas avoir exactement notre apparence, mais qui agissent et réagissent, pensent et imaginent de la même façon que nous. Une certaine sympathie s’établit entre ces quasi-doubles et nous, un sentiment réconfortant, encourageant et fraternel. Une ville où nous nous trouvons par hasard, un inconnu rencontré dans un café ou un aéroport, un film, un tableau, une musique ou un poème mal connus me renverront soudain le reflet de mon visage, à la façon d’un miroir.
_Préface, D’une bibliothèque l’autre