Tarık Günersel est né en 1953 à Istanbul. Après ses études secondaires qu’il a achevées aux États-Unis, il a étudié la littérature anglaise à l’Université d’Istanbul. Suite au coup d’État militaire de 1980, il est un temps parti enseigner l’anglais en Arabie Saoudite. À son retour en Turquie, il a notamment travaillé comme dramaturge au Théâtre de la Ville d’Istanbul (1991-2014). Chroniqueur au quotidien Birgünet à la revue Sampsonia Way et traducteur littéraire de l’anglais (Samuel Beckett, Vaclav Havel, Arthur Miller…), il est l’auteur d’une œuvre abondante et variée (pièces de théâtre, recueils de poèmes, livres de souvenirs et livrets d’opéra). Il a longtemps présidé le PEN Turquie (2007-2009, 2011-2114) et fut membre du comité de direction du PEN International (2010-2012). Il figure parmi les initiateurs de la Journée mondiale de la Poésie qui, d’abord agréée par le PEN en 1997, fut adoptée en 1999 par l’UNESCO. De même a-t-il contribué à l’émergence, en 2013, du « Projet de civilisation mondiale » dont procède la Journée de la Terre en faveur de la protection de l’environnement.
Ma mère avait pris soin de noter dans un carnet ses souvenirs de moi durant mes toutes premières années. Je les ai saisis sur mon ordinateur et les ai fait parvenir à ma fille lorsqu’elle était enceinte. Je ne me rappelle nullement que je mettais la maison « sens dessus dessous » et criais, armé d’un fusil : « Je suis le soldat turc ! Je protège ma patrie contre l’ennemi ! » Parmi ce dont je me souviens figure le conte du loup que ma mère chantait quand j’avais trois ans : « Toute la nuit, pauvre de lui / le loup gémit, à la folie / au p’tit matin c’en fut fini / le ventre creux il est parti. »
_Une enfance turque