Ahmed Arif (1927-1991), né à Diyarbakır (sud-est de l’Anatolie), emprisonné à plusieurs reprises (1950, 1952) et torturé, ne peut terminer ses études supérieures et travaille comme correcteur et secrétaire dans divers journaux d’Ankara. Ses poèmes, composés dans les années 40 et au début des années 50, ont d’abord paru en revue. Ahmed Arif n’a publié qu’un seul recueil, Celle pour qui j’ai usé des fers (Hasretinden Prangalar Eskittim, 1968), qui n’a cessé d’être réédité jusqu’à nos jours. Chantre passionné de l’Anatolie, il jouit d’une extraordinaire popularité, qui rejoint celle d’un Nâzım Hikmet et dépasse largement la communauté kurde dont il est issu.
Ses murs en dure pierre d’endurance
Les faubourgs sous la neige
Ankara ma nostalgie langoureuse.
Que les loups aiment les temps de brume
Que décembre marche sur l’asphalte
Je ne l’aime pas, c’est un mois néfaste.
À une autre fois mais je ne sais
À quand, à quel printemps les retrouvailles
Mon coeur, cet amour opprimé
Est sous la neige.
_J’ai vu la mer