Ahmet Hâşim (1884-1933), né à Bagdad, dans l’Irak ottoman, n’apprend le turc qu’en 1891, lorsque sa famille s’installe à Istanbul. Poète précoce, il abandonne le droit, après ses études au lycée francophone de Galatasaray, pour se tourner vers l’enseignement du français, puis de l’esthétique et de la mythologie à l’Académie des Beaux-Arts. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la poésie turque moderne, bien que sa versification suive les règles traditionnelles de la poésie arabo-persane, l’aruz, et n’utilise pas la métrique syllabique du turc anatolien. On a pu qualifier son art d’« impressionniste » plus encore que de « symboliste », malgré l’influence avouée de Henri de Régnier sur lui ; pour Ahmet Hâşim, la musique du vers compte plus que le sens des mots, il s’agit de sentir plus que de comprendre.
Les antilopes fugitives boivent sur la rive d’argent
À leur bruit s’écroule tout le silence,
Du fond des eaux dormantes, de leur retour s’étonnent,
Muettes et lointaines, d’autres fluides antilopes…
_J’ai vu la mer