Oktay Rifat (1914-1988), qui a pour cousin… Nâzım Hikmet, est né à Trabzon (Trébizonde, sur la mer Noire), dont son père, poète lui aussi, était le gouverneur (vali). Il a suivi des études de droit à Ankara puis de sciences politiques à Paris, avant de regagner Ankara pour travailler au Bureau de traduction du ministère de l’Éducation, puis notamment comme avocat. Avec Orhan Veli et Melih Cevdet Anday, auxquels il s’est lié dès le lycée à Ankara, il est à l’origine du courant « Premier Nouveau », dont le manifeste, Étrange, consiste dans le recueil de poèmes, assorti d’une préface de Veli, que les trois amis ont publié en 1941. Oktay Rifat sera aussi l’un des principaux fondateurs du courant « Second Nouveau ». Son oeuvre est féconde (trois gros volumes aux éditions Adam pour ses poésies complètes, rééditées chez Yapı ve Kredi) et de très haute qualité. Oktay Rifat, qui pratique donc le vers libre, aime également une forme très stricte, proche de notre sonnet (vers syllabique, deux quatrains, deux tercets et des rimes ou des assonances entrecroisées), où la contrainte formelle redouble la vigueur des images. Il a de plus publié trois romans, des pièces de théâtre et des traductions du français, du latin et du grec. Son fils Samih, disparu prématurément en 2007, le suivait dans cette voie.
Du pain sur les genoux
Les étoiles au loin, très loin.
Je mange du pain en regardant les étoiles.
Je suis si absorbé, ô oui, tellement
Que parfois je me trompe, au lieu de pain
Je mange des étoiles.
_J’ai vu la mer