Traducteur, né à Bergerac en 1924, agrégé d’espagnol en 1954 et diplômé en sociologie américaine, il enseigne pendant trente-et-un ans l’espagnol à Lyon, puis se retire dans son village maternel d’Église-Neuve-d’Issac, en Dordogne.
Éditeur dans l’âme, il crée en 1946 à Paris les Cahiers du Triton bleu et, en 1975, fonde les éditions Fédérop Vicente Aleixandre avant qu’il n’obtienne le prix Nobel de littérature. Au délà de sa propre oeuvre de poésie écrite en occitan, Bernard Lesfargues poursuit une brillante carrière de traducteur de prose et de poésie castillane et catalane qui a permis de mieux faire connaitre les œuvres de Jorge Luis Borges, Julio Llamazares, Jesús Moncada, Quim Monzó et… Mercè Rodoreda.
J’avançais tout doucement mais le sable crissait et la grille a grincé quand je l’ai ouverte. Elles, elles bavardaient à la cuisine. J’ai pensé que le grincement les alerterait, qu’elles allaient me tomber dessus et m’enfermer pour que je ne puisse plus m’échapper, que je mourrais enfermée, même si je tapais du poing et du pied. Et qu’une fois morte et allongée jamais plus je ne pourrais aller chercher mon père. J’étais partie le chercher parce que, la nuit précédente, encore éveillée, j’avais vu tomber du plafond une pluie d’étoiles de toutes les couleurs, et au milieu de tant d’étoiles j’avais vu, mais très confusément, son visage.
_Traduction, Rue des camélias