Jean-Paul Sermonte est né en 1948 à Ajaccio. Fondateur et rédacteur de la revue Les Amis de Georges, il a publié, aux éditions Didier Carpentier, Matteo l’enfant corse (1984, 2003), Contes d’enfance (2004), Noisette (2004), L’amant de l’au-delà (2005), Brassens ou La tombe buissonnière (2006), Le petit monde de ma mère (2006) et, aux Éditions du Rocher, Félix Leclerc, roi poète et chanteur (1989), Gilles Vigneault, le poète qui danse (1990), La fiancée des cieux (1993), La rencontre des anges (1994), ainsi que Poèmes pour un amour (Le Mot de Passe, 2007) et On ne meurt jamais (Alphée-Jean-Paul Bertrand, 2009).
Descendant le long des rues et se reflétant sur les flots paisibles, l’azur nous cernait. Le bleu coulait avec une telle abondance que je me surprenais souvent à rêver de grisaille, de pluie incessante, de tempêtes. Certes, il y a pire comme lieu de naissance. Pourtant j’ai toujours été frappé par ce paradoxe qui a vraisemblablement façonné mon enfance : ce camaïeu de bleus si denses frayait avec les ombres les plus effrayantes. Les reflets aveuglants du golfe s’éteignaient au seuil des portails. Un pas suffisait pour être englouti par ces couloirs obscurs, terrifiants. Oui, cette singularité imprégnait mon inconscient : la lumière si propre sur les rues crasseuses. La lumière si pure se cognant à la nuit menaçante des porches et des corridors. La lumière que la brise faisait chanter avec des maisons fermées sur elles-mêmes comme des cloîtres maussades.
_Une enfance corse