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Bleu autour

Le démon du désert rugit avec les lions dans les plaines de sables. Les mers aux mornes solitudes ont les vaisseaux fantômes, là rôdent les corsaires de l’abîme ; là, voguent les barques vers le pays des âmes ; là, glisse le Neglefare scandinave aux cordages tissés des cheveux de morts ; enveloppé comme en un linceul dans ses voiles traînantes : laissant flotter ses pavillons noirs comme des ailes d’oiseaux. Les forêts ont les grands veneurs et les robins des bois. Les ruisseaux ont les dames blanches et les lavandières nocturnes. L’air a les sylphes, la lande les fantômes ; l’eau ses trilles qui chantent si doucement, la terre ses gnomes ; les ruines leur épouvante. Ces créations sont l’ombre de la pensée ; au fond c’est le vague et la nuit. Ô morts ! que ne donnerait-on pas pour que l’une de ces choses fût vraie, car alors vous sauriez, vous verriez. Les plus sinistres spectres ne sont point dans la mort. Quelle vision approche des léproseries du moyen âge, de ses cours de miracles ; des légions de familiers de la mort de tous les temps, conquérants et dominateurs. Des scènes de villes livrées aux vainqueurs ; de contrées livrées à la famine, à la peste, aux bouleversements de la nature. _La révolution en contant, Histoires, contes et légendes de Louise Michel

Louise Michel

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