Traductrice du catalan notamment pour les éditions Tintablava.
Le village ne peut pas être plus triste : encaissé, on ne le voit que quand on y est. La commune est très étendue, pour la plus grande part inculte et déserte ; de grandes olivaies justifient son nom. Le monastère, à ce qu’on m’a dit, se trouve loin, vers l’aval. Je fais de longues marches, parfois je m’assois au pied d’un olivier et j’y reste si tranquille que les corbeaux viennent se poser à quelques pas de moi comme si je n’y étais pas. Il y en a des centaines, ils me tiennent compagnie. Dans le fond, des montagnes de roche pelée marquent la limite de la commune. Il arrive qu’un nuage les couronne : le rocher et le nuage, la permanence et l’évanescence. Le nuage passe, mais qu’il est splendide en son aspect changeant à l’heure du coucher ! La roche est toujours la même. Qu’est-ce qui est la roche et qu’est-ce qui est le nuage dans notre vie ? Lequel des deux vaut mieux ? Quelle est la part de nous autres qui doit demeurer immuable ? Est-il vraiment sûr qu’elle vaille plus que l’autre, celle qui nous fuit à chaque instant ? Ou sommes-nous intégralement des fantômes4, des nuages qui n’ont d’autre espoir que de connaître un moment glorieux, un seul moment, et disparaître ?
_Traduction, Gloire incertaine