Melih Cevdet Anday (1915-2002), né à Istanbul, est l’un des membres du trio constitutif du mouvement Garip (« Étrange »), titre du recueil qu’il publie en 1941 avec ses amis Orhan Veli et Oktay Rifat. Il suit ses études secondaires et supérieures à Ankara puis étudie les sciences politiques en Belgique, d’où il est chassé par l’offensive allemande en 1941. Conseiller aux publications du ministère de l’Éducation nationale puis journaliste, il enseigne le turc et la diction au Conservatoire de musique d’Istanbul, avant d’être conseiller culturel près de l’Ambassade de Turquie à Paris. Il collabore longtemps au quotidien Cumhuriyet. Le recueil Ulysse bras attachés (Kolları Bağlı Odysseus, 1962) est peut-être son chef-d’oeuvre et suffirait à le faire entrer dans le cercle des principaux représentants de la poésie turque au XXe siècle. Il est également l’auteur de plusieurs romans et pièces de théâtre et il a traduit en turc les œuvres de nombreux poètes, dont Edgar Allan Poe, Ezra Pound, Alexandre Blok, F.G Lorca, Éluard (Liberté !), Verlaine.
J’ai vécu dans le vent,
À une époque seul le vertige, seules
Les pierres lointaines étaient mes prophètes.
Ni voix, ni forêt, tout seul, déserté,
L’être se distrait d’une ondée.
Ou bien dans la forêt comme un dieu attendre
Si l’on entend une voix.
_J’ai vu la mer