Nora Aceval, conteuse, est née à Tousnina (Tiaret), d’une mère arabe de la tribu des Ouled Sidi Khaled et d’un père français d’Algérie. Elle collecte régulièrement, depuis une vingtaine d’années, des contes des Hauts Plateaux algériens. Elle a publié des albums pour enfants (éditions du Seuil et du Sorbier) et des recueils de contes dont : L’Algérie des contes et légendes, Hauts Plateaux de Tiaret (éditions Maisonneuve et Larose, 2003) ; Contes et traditions d’Algérie (éditions Flies France, 2005) ; Contes du djebel Amour (Le Seuil, 2006) ; Contes libertins du Maghreb et La science des femmes et de l’amour (éditions Al Manar-Alain Gorius, dessins de Sébastien Pignon, 2008, 2009).
Dans la pénombre, j’ai vu une forme qui entrait sous la tente. J’ai pensé que ton oncle revenait du pâturage, mais je n’entendais pas les bêlements des moutons. Inquiète, je n’ai pas eu le temps de me poser des questions. Une créature effrayante me faisait face, elle imitait mes gestes. C’était une femme, si on peut appeler ça une femme. Elle avait des yeux globuleux, écarquillés, des narines larges comme des tasses de café. Ses cheveux en broussaille se dressaient vers le ciel comme les épines du cedra, le jujubier sauvage. Ses dents ressemblaient à un peigne de tissage.
_Aflou, djebel Amour