Orhan Veli (1914-1950) est avec Nâzim Hikmet l’introducteur du vers libre dans la poésie turque, où son œuvre, empreinte d’humour, de dérision, de lucidité, plus encore d’humilité et de simplicité, fit l’effet d’une « révolution », selon le mot de Enis Batur. Qu’ils évoquent l’enfance, le printemps, la mer, les femmes, les poèmes de Orhan Veli constituent des rues ouvertes à toutes les rencontres, ils sont les pierres et les gens de la plus vivante des cités, Istanbul. Plus d’un demi-siècle après sa mort, il suffit en Turquie de dire Orhan Veli pour, bien souvent, s’entendre citer quelques vers de lui : « Bien-aimée qui ne vient pas en plein jour / Ne viendra jamais après minuit. »
Je ne paie pas de mine en ce moment mais
Quand j’aurai réglé mes dettes
J’aurai sûrement un nouveau costume
Et toi, sûrement,
Tu ne m’aimeras toujours pas.
Mais les dimanches soirs
Quand je passerai dans ton quartier,
Bien mis,
Penses-tu qu’à mon tour
Je t’accorderai le même prix ?
_Va jusqu’où tu pourras