Tassadit Yacine-Titouh est née en 1949, à Métchik (Bedjaïa), d’une mère femme au foyer et d’un père émigré, qui, de retour au douar en 1955, fut torturé et exécuté « pour l’exemple » en février 1956. Après avoir étudié et enseigné à l’Université d’Alger la langue et les littératures espagnoles, elle est venue en 1980 préparer un doctorat d’anthropologie à Paris où elle est devenue directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France. Auteur de nombreux livres et articles, elle dirige la revue d’études berbères Awal (La Parole), qu’elle a fondée à Paris en 1985 avec l’anthropologue algérien Mouloud Mammeri et le soutien du sociologue Pierre Bourdieu. Derniers titres publiés : Le retour de Jugurtha. Amrouche dans la lutte : du racisme de la colonisation (Tizi Ouzou, Passerelles, 2011) et Lbachir Amellah (Poésies kabyles, éd. Franco-Berbères, 2014).
Étaient-ce des êtres moitié hommes, moitié fauves, voire des djinns cachés dans des endroits où l’on ne pouvait même pas soupçonner leur existence ? Seraient-ils dans les buissons, à surveiller ce que disent les enfants ? Comme pour faire preuve d’un courage que n’avaient pas mes camarades, je me suis mise à crier à tue-tête : « Fellaghas ! Fellaghas ! » Personne ne sortit des buissons ! Je n’avais donc rien à craindre des fellaghas, je me dis que c’était encore une invention des adultes pour terroriser les enfants.
_Une enfance dans la guerre