Yahya Kemal Beyatlı (1884-1958), né à Skopje, en Macédoine, dans une vieille famille aisée de dignitaires ottomans, vient parfaire ses études à Paris, où il reste de 1903 à 1912. Il y fréquente l’École des sciences politiques, mais aussi écrivains et poètes, notamment Jean Moréas. De retour en Turquie, il enseigne l’histoire à l’Université et sera délégué à la commission turque qui signera le traité de Lausanne (1923), puis député et ambassadeur à Varsovie, Madrid, Lisbonne et au Pakistan. Ses poèmes n’ont été publiés qu’après sa mort. Influencé d’abord par le mouvement Servet-i Fünûn, c’est en France, à partir de 1903, qu’il fait ses débuts en poésie. Selon lui, « les racines de la turcité sont en Anatolie » et il rejette le style ottoman au profit d’une langue « turquifiée » et d’un mètre syllabique.
Dans le jardin, tombeau de Hafiz, il y a, dit-on, une rose ;
À chaque aube elle éclot, couleur de sang frais.
La nuit près d’elle jusqu’au point du jour pleure le rossignol ;
Sa mélodie fait rêver la vieille cité de Chiraz.
_J’ai vu la mer