Qui connaît Luc Baptiste ? Il a signé, en 1997, l’un des deux premiers livres de notre maison, Le village et enfin. Entre réalité et fiction, ce récit de voyage dans son hameau natal, en lisière de Lapalisse, bourgade de l’Allier, était également son premier livre, et il a été repéré. Ainsi, le poète Jean-Pierre Siméon a salué son écriture « nette, tendue, [qui] récuse sans mollir tout pathétique ». Et Marie-Hélène Lafon, en fraternité avec l’auteur, « un voleur de feu », a préfacé sa seconde édition.
Peu après, Luc Baptiste a publié un saisissant récit de voyages (texte et photographies), Sur la route du Karakoram, et un âpre recueil de nouvelles, La Position de Juste, qui n’ont pas trouvé l’audience qu’ils méritaient. Puis l’instituteur qu’il était, absorbé par une thèse sur l’apprentissage de l’écriture à l’école et devenu enseignant à l’université, s’est tu. Jusqu’à cet automne 2019 où il revient avec deux nouveaux livres, l’un de photographies, Autre part, l’autre de récits, La vie belle. Mais qui connaît Luc Baptiste ? Comme des bouteilles à la mer, ils ont été adressés à des journalistes, et voici que Jérôme Garcin, dans l’Obs de cette semaine, consacre, le premier, un bel article aux « instantanés de Baptiste, voyageur mélancolique, fuyard désenchanté » :
« Il parcourt des lieux silencieux qu’il photographie pour signifier son passage et en garder le souvenir, convaincu qu’il n’y reviendra jamais, et que c’est très bien comme ça. Ces instantanés, au sens propre, il les rassemble et les donne à voir dans Autre part ; mais il les donne aussi à lire, en parallèle, dans La vie belle, où il poursuit, dans des textes brefs, râpeux et ronceux, de la ville polaire de Tromsø au désert de Gobi, du pic Bogda chinois à la plage balinaise de Padangbai, sa rêveuse circumnavigation. Si elle semble l’éloigner de son pays d’origine, l’Allier, c’est une manière pour lui de mieux y revenir. Il dit qu’il lui a fallu beaucoup voyager et beaucoup lire, lui, le descendant de gens de peu, de “maîtres de rien”, pour retrouver le goût des paysages rustiques de son enfance, encombrés de maisons abandonnées et d’entrepôts en ruine. (…) Aux qualités de l’écrivain-photographe, il faut en effet ajouter les vertus du géographe de la mémoire », conclut Jérôme Garcin, que nous remercions de faire connaître Luc Baptiste.